Sérigraphie KAMIKAZE

Sérigraphie “KAMIKAZE” (66 X 86 cm). Série limitée et signée à vendre ----------------------------------------------PAUL ABRAHAM ART BLOG

2. LA BATAILLE D'OKINAWA


Débarqué sur l'île de Zamami ...

À la conquête d’Okinawa

Un peu d’histoire pour situer les choses …
Le contexte historique :
Depuis les années 1900 le Japon est dirigé par un régime militaire impérialiste, La soumission du peuple japonais à la toute puissance de l’empereur est de mise et tout écart est réprimé par l’armée et la police secrète : la Kempeitai. L’Empire Japonais en 1942 va de la Manchourie (au nord) aux Philippines et la Malaisie (au sud). Il maintient son hégémonie par un régime de la terreur à l’instar de ses alliés, les Nazis Allemands et les Fascistes Italiens. (Petite parenthèse, à ce propos les musées historiques au Japon semblent faire l’impasse sur cette ancienne amitié encombrante … ) Mais bon, passons pour le moment.  
En 1941 le Japon veut éliminer son rival expansionniste dans le Pacifique, les Etats-Unis, et attaque par surprise la flotte américaine à Pearl Harbour (Hawaï), comme il l’avait fait avec la Flotte Russe à Port-Arthur, Manchourie, en 1904. S’en suit l’entrée en guerre des USA qui déclenche l’offensive contre le Japon et prend rapidement l’avantage grâce à sa puissance industrielle. En 1943 le Japon perd la suprématie de l’air, les américains ont réussi à capturer un avion Zéro intacte en 1942 et produisent un avion plus performant, le tueur de Zéros, le Hellcat qui décime le fleuron de l’aviation japonaise. Perdant rapidement toutes ses “colonies” le Japon perd ses ressources et son armée, de plus en plus sous équipée, s’épuise rapidement. Dans ce contexte, l’état major japonais enfermé dans une attitude jusqu’au-boutiste délirante, est prêt à sacrifier tous les japonais jusqu’au derniers plutôt que de se rendre. Il met au point la stratégie des missions suicides en 1944, aux Philippines. Gonflant exagérément le résultat probant de ces premières contre attaques suicides, le gouvernement militaire instaure le programme généralisé des forces d’attaques spéciales (Tokkō Tai au Japon ou Kamikaze en occident) et embarque le pays dans une descente aux enfers. 
C’est dans ce contexte qu’à lieu la bataille d’Okinawa.

La situation d’Okinawa dans le Japon de la deuxième guerre mondiale :
L’archipel d’Okinawa comprend une vingtaine d’îles. Il est situé à 700 km au sud, à mi chemin entre le Japon et la Chine avec qui il y a toujours eu un lien d’échange culturel et commercial important. Cet emplacement stratégique était convoité par les Japonais comme passerelle commerciale et tactique vers les ressources inépuisables de son grand voisin. Okinawa, qui était un petit royaume indépendant a donc été logiquement annexé de force par le Japon à la fin des années 1800. L’archipel est alors habité par le peuple Ryukyu qui avait sa propre langue. Faisant partie désormais de l’empire Nippon, et contraints d’adopter la langue et les us et coutumes des japonais, ils sont considérés par ces derniers comme des citoyens de seconde classe. 

Carte, musée de l'ancien QG de la marine japonaise, Okinawa.


La bataille d’Okinawa, les forces en présence :
Nous sommes maintenant en 1945 c’est un printemps pluvieux et froid, J’y étais à la mi-mars en 2015, 70 ans plus tard et il faisait effectivement très frais pour ces latitudes, 12 degrés Celsius au plus froid avec de la pluie, rien à voir avec les uniformes prévus pour les conditions tropicales… Cela met dans l’ambiance.

Côté Japonais, ils font d’Okinawa un camp retranché. Le commandement prédit que les américains débarqueront sur la côte ouest de l’île, où sont les grandes plages, au nord de Naha, la capitale. Il décide de laisser cette zone sans défense militaire et fait creuser une véritable forteresse souterraine au sud de Naha sur un terrain parsemé de collines, de grottes et de rochers acérés où il sera plus difficile de se faire déloger. La population plutôt que d’être évacuée est mise violemment à contribution pour nourrir, cacher les soldats, creuser des tunnels et défendre certaines positions avec des moyens dérisoires. Des femmes sont armées de bambous taillés. La consigne est claire : résistance à tout prix pour sauver la mère patrie, en l’occurrence le Japon. Plutôt mourir que de se rendre aux “monstres américains qui en cas de capture exerceront les pires horreurs sur leur prisonniers” *. La population affamée se retrouve en “otage” entre l’armée américaine et japonaise. Elle n’a plus d’endroit où s’abriter, elle est terrifiée et pour éviter la capture, des femmes se jettent du haut des falaises avec leurs enfants. Ceux qui tentent de se sauver ou se rendre sont achevés à la baïonnette par les soldats japonais qui craignent que la population ne divulgue leurs positions ***. Ceux qui obéissent se battent contre un adversaire démesuré qui dans un premier temps ne fait pas la différence entre la population d’Okinawa et les Japonais, et tire dans le tas. 
L’horreur de la guerre.

Côté Américain, le 1er avril, voulant éviter les lourdes pertes comme ce fut la cas à Iwo Jima, l’état major fait pilonner la zone du débarquement avec une intensité rarement atteinte, le Tetsu ne mae (la pluie d’acier, presque 3 millions de bombes **de avril à juin 1945). S’en suit le plus gros déploiement de troupes de la guerre du Pacifique. La puissance de feu américaine au sol est 6 fois plus importante que la japonaise sans compter sa flotte aérienne et navale, 183 000 soldats contre 67 000. 
Surpris de ne trouver aucune résistance, mis à part quelques paysans armés d’armes blanches, les américains progressent rapidement jusqu’à Naha où ils s’enlisent dans la gadoue devant la résistance acharnée de l’armée japonaise. Du côté des plages du débarquement les raids aériens Kamikazes venant de l’île de Kyushu, (sept attaques impliquant 1500 avions), déstabilisent et freinent un temps l’envahisseur sans vraiment diminuer sa puissance militaire. Du côté Japonais la mission Ten-Go, envoyée en renfort, impliquant le plus grand cuirasser du monde, le Yamato (nom classique du Japon), est un échec prévisible et abominable (voir bientôt la page “Kure” en préparation). Les  combats font rage dans le sud de l’île où la résistance est farouche et les attaques suicides en tous genres freinent l’avancée américaine. Ce n’est que trois mois après le débarquement, à la fin juin 45 qu’Okinawa passe sous le contrôle de l’armée américaine. L’amiral Minori Ota et ses 4000 hommes se font sauter à la grenade plutôt que de se rendre et une poignée de soldats japonais sont encerclés à l’extrême sud de l’île et capturé vivants. La cérémonie officielle de reddition aura lieu le 7 septembre 1945. On dénombrera au total : 80 000 morts japonais, 14 000 américains et alliés, 150 000 civils sans compter la faune et la flore, 90 % du territoire a été complètement détruit ainsi que le patrimoine culturel et historique du peuple Ryukyu, anéanti. 

* La controverse du MEXT (Ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie) , j’avais lu sur ce sujet un article dans la presse d’Okinawa, je reprends ici à postériori un article de Wikipédia qui parle aussi de cette controverse. Je vous conseille de le lire c’est assez éclairant sur les suicides forcés du peuple d’Okinawa et la tendance révisionniste du gouvernement japonais actuel. Voir page Controverse du MEXT
** 1 179 000 bombes non explosées sont encore sur Okinawa, source : Musée de l’ancien QG de la marine japonaise, ville de Tomishiro.
*** source : Musée de la Paix de la préfecture d’Okinawa, ville d’Itoman.


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